Grève des transports et protections des salariés.

Rédigé le 21/05/2024

En France, la législation prévoit plusieurs mécanismes pour protéger les travailleurs affectés par des circonstances indépendantes de leur volonté, telles que les grèves des transports. Ces dispositions permettent de garantir que les salariés ne subissent pas de sanctions disciplinaires injustifiées et offrent des solutions pratiques pour minimiser les perturbations. Voici un examen détaillé des protections et solutions disponibles.

1. Sanctions disciplinaires en cas de retard ou d’absence

Absence de faute disciplinaire

En principe, un employeur ne peut pas sanctionner un salarié pour un retard ou une absence causée par une grève des transports. La sanction disciplinaire, telle qu’un avertissement, un blâme, une mise à pied, ou un licenciement, est liée à une faute disciplinaire qui suppose un manquement volontaire aux obligations contractuelles du salarié. Un retard ou une absence due à une grève ne constitue pas une faute car l’événement est extérieur et indépendant de la volonté du salarié.

Justification de l’absence ou du retard

Pour bénéficier de cette protection, le salarié doit informer son employeur dès que possible, par tout moyen disponible (appel, SMS, email). Il doit également prouver que son retard ou son absence était inévitable. Parmi les justificatifs courants :

  • Une attestation de la SNCF ou de la RATP confirmant la grève sur les lignes empruntées.
  • Des captures d’écran du trafic routier démontrant des blocages significatifs.
  • Des articles de presse relatant les perturbations spécifiques des transports.

Attention : les justificatifs doivent être pertinents et directement liés à la situation du salarié. Une justification inappropriée ou non pertinente peut être rejetée, entraînant potentiellement des sanctions disciplinaires.

Retenue sur salaire

Même si un salarié n’est pas sanctionné disciplinairement, une retenue sur salaire proportionnelle à la durée de l’absence ou du retard est généralement appliquée. Par exemple, une heure de retard peut entraîner une retenue d’une heure de salaire, sauf si des dispositions spécifiques de l’employeur ou d’une convention collective prévoient autrement.

2. Solutions envisageables en cas de grève des transports

Télétravail

Accord pour le télétravail

La mise en place du télétravail nécessite un accord préalable entre l’employeur et le salarié. Bien qu’un accord oral soit possible, il est fortement recommandé de formaliser cet accord par écrit pour éviter tout malentendu.

Compatibilité des fonctions

Le télétravail est envisageable uniquement pour les fonctions qui peuvent être réalisées à distance. Si les tâches du salarié ne peuvent pas être effectuées en dehors du lieu de travail, le télétravail ne sera pas une option viable.

Modification de l’accord en cas de grève

Si un salarié bénéficie déjà d’un accord de télétravail pour un jour spécifique, il peut être nécessaire de renégocier cet accord pour ajuster le jour de télétravail en fonction des jours de grève.

Restrictions

Le télétravail ne peut pas être imposé unilatéralement par l’employeur. Il doit résulter d’un consentement mutuel entre l’employeur et le salarié. De plus, l’employeur n’est pas obligé d’accepter une demande de télétravail formulée spécifiquement pour un jour de grève.

Départ anticipé du travail

En cas de grève des transports, un salarié ne peut pas quitter son travail plus tôt sans l’accord explicite de son employeur. Le temps de travail est un élément contractuel, et toute modification nécessite un accord bilatéral.

Utilisation d’un autre moyen de transport aux frais de l’employeur

Bien que rare, l’employeur peut choisir de prendre en charge les frais de déplacement par un autre moyen de transport (comme un taxi ou un VTC) si la présence du salarié est indispensable. Cette solution est toutefois exceptionnelle et dépend de la politique de l’entreprise et de l’urgence de la situation.

Pour conclure, la législation française offre des protections significatives aux travailleurs affectés par des grèves des transports, en empêchant les sanctions disciplinaires pour des retards ou absences involontaires et en prévoyant des solutions telles que le télétravail. Il est essentiel pour les salariés de communiquer rapidement avec leurs employeurs et de fournir des justificatifs appropriés pour bénéficier pleinement de ces protections.