Augmenter les salaires n’aggrave pas l’inflation

Rédigé le 22/02/2023


Pour justifier leur refus d’augmenter les salaires, les employeurs et le gouvernement
mettent souvent en avant les risques d’une aggravation de l’inflation, déjà très
élevée.
« Une augmentation des salaires, c’est aussi une augmentation des prix. », affirme
par exemple le président du Medef, Geoffroy Roux de Bézieux. L’idée est que les
entreprises répercuteraient leur hausse de coûts salariaux sur les prix, ce qui créerait
une boucle salaire-prix économiquement dangereuse. Cette vision est erronée. En
effet, la hausse des salaires n’entraîne pas une augmentation des prix, mais plutôt
une baisse du taux de profit. C’est bien pour cette raison que de nombreux
employeurs refusent d’accorder des augmentations salariales permettant de
compenser l’inflation et ainsi de maintenir le pouvoir d’achat.
Le FMI lui-même l’a déjà confirmé, en publiant au mois de novembre dernier une
étude qui analyse les données dans trente-huit pays entre 1960 et 2021 pour
identifier s’il existe une boucle salaires-prix. Selon cette étude, ce ne sont pas les
salaires qui déterminent l’accélération des prix. Le FMI n’observe pas d’effets
d’entraînement des salaires sur les prix. Le FMI cite notamment l’exemple des
États-Unis qui ont connu en 1979 une période d’inflation d’un an, lors de laquelle les
salaires n’ont pas augmenté. Lorsqu’ils se sont mis par la suite à progresser,
l’inflation a reculé.
L’enjeu derrière l’indexation des salaires sur l’inflation est celui du partage de la
valeur créée par les salariés. Les représentants du personnel peuvent, avec l’aide de
leurs experts économiques, analyser le coût du capital dans leur entreprise, et
développer les arguments pour démontrer qu’une hausse des salaires suivant
l’inflation ne viendrait pas mettre l’entreprise en difficulté financière, mais simplement
diminuer la ponction que réalisent les actionnaires sur leur travail.
(Source JDS)