Eboueurs : zoom sur un métier qui expose les salariés à de nombreux risques professionnels 

Rédigé le 14/04/2023

Les mouvements sociaux contre la réforme des retraites ont été marqués par la grève des éboueurs à Paris mais également dans une dizaine de villes en France. Salués par le gouvernement lorsqu’ils étaient en première ligne pendant la crise covid mais très vite oubliés et invisibilisés depuis, cette mobilisation remet la lumière sur les conditions de travail des salariés chargés de la collecte des déchets. A quels risques sont-ils exposés ? Quelles sont les conséquences de leur métier sur leur santé ? 

Les ripeurs, ou éboueurs, sont exposés à de nombreux risques professionnels, qu’ils soient physiques ou socio-organisationnels. En effet, le métier exige de nombreux efforts physiques tout au long de leur tournée (manutentions, tractions manuelles, lancers, postures déséquilibrées, déplacements, courses, port de charges lourdes, gestes répétitifs). Selon une étude de l’INRS, « le nombre d’accidents du travail pour 1 000 salariés dans le traitement des déchets ménagers est plus de 2 fois supérieur à la moyenne nationale et ces accidents sont aussi parmi les plus graves enregistrés (60 % d’accidents liés aux manutentions manuelles). En effet, ces accidents sont en moyenne suivis de 78 jours d’arrêt de travail (Cnam).

Les agents chargés de la collecte sont également exposés aux risques chimiques (exposition aux agents biologiques), risques de chute et risques routiers (manœuvres des véhicules de collecte, heurts par des véhicules sur la voie publique, collisions entre les véhicules). 

Par ailleurs, ces contraintes physiques sont d’autant plus difficiles à tenir que leurs risques sur la santé sont amplifiés par le travail en horaires décalés, voire de nuit, en extérieur, soumis aux intempéries, et d’être exposés à des facteurs de risques psychosociaux tels que les rythmes soutenus (cadences importantes) et les contacts avec les usagers. 

Face à ces conditions de travail difficiles, les corps se trouvent vite usés ou fragilisés, et la santé rapidement atteinte tant au niveau physique que psychologique. Ce vieillissement « accéléré » (Le Lay, 2016) a un impact significatif sur l’espérance de vie de ces travailleurs. Des études tendent à montrer que les éboueurs ont une plus faible espérance de vie comparativement à d’autres ouvriers. L’observatoire belge des inégalités a d’ailleurs publié une étude en début d’année montrant que les éboueurs se placent dans les professions ayant le taux de surmortalité le plus important.

Visibiliser la pénibilité du travail de ces métiers parait essentiel tant cela permet de comprendre les réalités que vivent les éboueurs et les enjeux sur les liens entre pénibilité et retraite. 

(Source JDS)