Tuteur, une mission entre exigence et bienveillance

17/09/2024

Réfléchir en amont à sa future posture de tuteur, soigner le recrutement de l’apprenant afin qu’il puisse bien s’intégrer dans l’équipe, programmer les contenus d’apprentissage de chaque période… Anticiper est indispensable !

Tuteur : une mission qui exige de la méthode

« La mission du tuteur a beaucoup évolué. Le tutorat est désormais une démarche collective. Différents acteurs entourent l’apprenti et le tuteur délègue de nombreuses taches », souligne Benoît Ledoux, consultant en formation qui vient de publier chez Afnor Editions, Manuel pratique du tuteur en entreprise. Bien préparer et réussir sa mission. 

Cahier des charges et feuille de route

Disposer d’une fiche de poste et d’un cahier des charges permet de savoir quels sont les objectifs à atteindre. Une fois l’objectif défini, reste donc à construire une feuille de route qui permettra de rythmer la formation, et de planifier les apprentissages à trois, six, neuf mois…

Exigence et bienveillance

L’apprenti est un salarié. Il lui revient donc de réaliser une activité productive. « Mais lorsque le tuteur ou les membres de son équipe se consacrent à sa formation à proprement parler, ils doivent changer de posture et évaluer le résultat autrement. Il est important de permettre à l’apprenti de progresser et de réussir en mettant la marche ni trop haut, ni trop bas afin qu’il donne le meilleur de lui-même. Il faut faire preuve de bienveillance mais aussi d’exigence. Un apprenti ne peut pas réussir qu’à moitié ce qu’il entreprend car il doit devenir un professionnel fiable et autonome », note Benoît Ledoux.

Eviter les dérives

Le tuteur doit se concentrer sur la progression pédagogique. Son suivi doit être régulier afin d’anticiper certaines dérives : baisse de motivation se traduisant par des retards, erreurs, etc. Si elles surviennent, il faut en discerner les causes : conflit interne, problème de compétences, difficultés personnelles… 

Il est aussi essentiel que le tuteur aide l’apprenti à s’intégrer et à changer progressivement de comportement. Car il n’est plus un élève mais devient petit à petit le salarié d’une entreprise.

Montée en compétences

Etre tuteur oblige à prendre de la hauteur vis-à-vis de son métier, de sa pratique professionnelle et transforme la vision que l’on a de son entreprise et de son organisation. « C’est un bon levier pour monter en compétences », observe Benoît Ledoux.

Dans le transport :

Le salarié choisi pour être tuteur doit être volontaire et justifier d’une expérience professionnelle d’au moins trois ans dont deux dans un emploi de niveau de qualification au moins égal à celui de l’emploi pour lequel il exerce la fonction de tuteur. Les partenaires sociaux considèrent le tutorat comme un vecteur privilégié de transmission des compétences.

Lorsque le tuteur ou le maître d’apprentissage exerce la fonction pour la première fois sur toute période de cinq ans, II doit suivre une formation spécifique et est alors inscrit sur une liste tenue à jour par l’OPCO Mobilité.

le tuteur ou le maître d’apprentissage ne peut exercer simultanément ses fonctions auprès de plus de trois salariés bénéficiaires de contrats de professionnalisation, d’apprentissage ou de périodes de professionnalisation (à l’égard de plus de deux salariés lorsqu’il est employeur) et que les contreparties accordées ne se cumulent pas.

Maître d’apprentissage

Le maître d’apprentissage est la personne directement responsable de la formation de I’ apprenti et assumant la fonction de tuteur. Il a  pour  mission  de contribuer à  l’acquisition  par  l’apprenti  des compétences correspondant à la qualification recherchée et au titre ou diplôme préparé, en liaison avec le Centre de Formation d’ Apprentis.

Valorisation de la fonction tutorale

L’employeur permet au maître d’apprentissage de dégager sur son temps de travail les disponibilités nécessaires à I’ accompagnement de I’ apprenti et aux relations avec le Centre de Formation d’Apprentis. Cet allégement de la charge de travail du maître d’apprentissage correspond à une durée d’une journée de travail par mois. Ce temps, attribué selon des modalités définies entre I’ employeur et le maître d’apprentissage est consacré par le maître d’apprentissage à l’exercice de sa mission. Le temps passé à exercer la fonction tutorale est considéré comme temps de travail effectif.

L’employeur veille à ce que le maître d’apprentissage bénéficie de formations lui permettant d’exercer correctement sa mission et de suivre I’ évolution du contenu des formations dispensées à l’apprenti et des diplômes qui les valident.

Afin de valoriser l’exercice de la fonction tutorale :

  • il appartient aux entreprises de fixer les conditions de versement et le montant de la prime dont bénéficie le tuteur interne pendant l’exercice de sa fonction ou de mettre en place tout autre mode de reconnaissance de cet exercice ; le montant de cette prime – versée pendant l’exercice de cette fonction tutorale – ne saurait être inférieur à 5 % du taux horaire conventionnel à l’embauche correspondant au coefficient de l’emploi occupé par le tuteur multiplié par son horaire contractuel de travail au mois.
  • il est créé une attestation d’exercice de la fonction tutorale permettant au tuteur de faire valoir son expérience ; la forme et les conditions d’attribution de cette attestation seront définies par la CPNE.

En cas de partage de la fonction tutorale entre plusieurs salariés constituant une tutorale, l’entreprise détermine la répartition des contreparties en temps et en argent.